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S’il ne s’agit pas du plus grand exploit de l’Athlétisme français, la performance de Floria Gueï aux championnats d’Europe 2014 est certainement l’un des plus grands moments d’émotion. Un 400 mètres de légende qui restera encore très longtemps dans les mémoires…
En ce mois d’août 2014, Floria Gueï n’est pas la plus connue des athlètes tricolores. Sur 400 mètres, la Nantaise enchaîne les bonnes prestations mais elle n’est encore qu’un espoir de médaille pour l’avenir. Qualifiée en individuelle, Flora Gueï fait également partie du relai 4×400 mètres en compagnie de Marie Gayot, Agnès Raharolahy et l’incontournable Muriel Hurtis, spécialiste du 100 m et 200 m, qui vient filer un coup de main sur le 400 pour terminer sa belle carrière. Au départ de ce relai 4x400m, l’équipe de France fait partie des nations à suivre après la médaille d’argent obtenue deux ans plutôt, à Helsinki. L’Ukraine, championne d’Europe en titre, fait figure de grande favorite, avec le relai anglais.
12 mètres de retard au 4e relai…
Marie Gayot lance le relai français. Après une 7e place en individuel sur le 400 m (52’14), elle est revancharde et tente de propulser au mieux la fusée tricolore. Muriel Hurtis, pour la toute dernière course de sa carrière, récupère le témoin pour poursuivre le bon travail de Gayot et joue des coudes pour s’intercaler en troisième position à la sortie de son premier virage. L’Ukraine et la Russie sont devant, la France tente de s’accrocher lorsqu’Agnès Raharolahy part pour le troisième relai français, en quatrième position. L’Angleterre prend les commandes et creuse l’écart. Angleterre, Russie, Ukraine et France. Le quatuor de tête se dessine, même si la Pologne s’accroche et peut encore espérer une médaille.
🗣 "Quand on est rentré en France, c'était l'explosion. Beaucoup de personnes ont vu ma performance comme un message d'espoir, ça m'a touché"
📻 Floria Guei évoque l'impact de sa prestation lors du relais tricolore 4x400m féminin à Zurich, en 2014, aux championnats d'Europe. pic.twitter.com/F6QVW1U47t
— RMC Sport (@RMCsport) June 14, 2020
« Il n’y aura pas de podium pour les Françaises »
En quatrième place à la sortie du troisième tour de piste, l’équipage tricolore voit ses chances de médaille s’envoler peu à peu. Floria Gueï, quatrième relayeuse, accuse un retard d’une douzaine de mètres sur le petit peloton de tête au moment de récupérer le bâton. Aux commentaires de cette course légendaire, Patrick Montel ne se fait guère d’illusion : « Floria Gueï qui va prendre le bâton, la France est quatrième, il y a du trafic, elle a perdu un peu de temps Floria Gueï, ça va être dur… ça va être très dur parce que le podium est dessiné, là-bas ». Allant même jusqu’à sceller le sort des Français à 300 mètres de l’arrivée : « Il n’y aura pas de podium pour les Françaises »
« Ah, elle revient fort ! »
A l’approche du tout dernier virage, la Russie, l’Ukraine et l’Angleterre sont en tête et semblent se disputer la médaille d’or. Derrière, Floria Gueï se démène pour réduire l’écart et ne compte que 5 à 7 mètres de retard. Le virage démarre, la Française aussi. Aux côtés de Patrick Montel, Stéphane Diagana, champion du monde du 400 mètres haies en 1997, commence à sentir le vent tourner : « Ah ça revient fort, elle revient fort ! Et la Britannique est en train de craquer ! » Commentateur mythique de l’athlétisme français, Patrick Montel offre alors l’une de ses phrases légendaires :
« Alors, peut-être… ».
17 août 2014 : la folle remontada de Floria Gueï pic.twitter.com/T3DQI9O2Ny
— Perdants magnifiques (@TousPoulidor) August 17, 2022
Le plus gros finish de toute l’histoire !
Le dernier virage est avalé, l’Angleterre est effectivement en train de craquer, Floria Gueï revient sur ses talons. A 80 mètres de la ligne d’arrivée, la Russie s’effondre à son tour. L’Ukraine s’envole vers la victoire, Floria Gueï poursuit son effort et revient sur le trio de tête comme une bombe. « Je pense que ça va être juste », grimace Patrick Montel. A 20 mètres de la ligne, Floria Gueï avale la Russe et entrevoit la médaille de bronze. En trois foulées, elle revient à hauteur de l’Anglaise, puis de l’Ukrainienne, en perdition. A moins d’un mètre de la ligne, elles sont trois. Trois pour une médaille d’or. Trois athlètes au bout de l’effort, d’une course totalement folle. Et une Française, sur le point de réaliser un authentique exploit. Quatrième avant de prendre le témoin, Floria Gueï signe le 400 mètres le plus rapide de sa carrière pour se présenter, devant la ligne d’arrivée, en première position. La Nantaise de 24 ans offre le plus beau « cassé » de son répertoire pour devancer Angleterre et Ukraine, de quelques millimètres. Devant leur poste de télévision, ou au stade, les spectateurs sont tout simplement en délire face à ce scénario incroyable signé d’une jeune et pétillante athlète, à jamais dans l’histoire de son sport. La carrière de Floria Gueï bascule dans l’inoubliable au terme d’un tour de piste épique, légendaire. Le nombre de vues des vidéos qui remémorent cet exploit sur YouTube, avec les commentaires du duo Montel – Diagana en fusion, témoignent de la puissance des émotions suscitées par cet authentique exploit. Si la France a connu les victoires de Jazy, Besson, Perec, Lavillenie, Lemaître ou encore Mayer, l’émotion suscitée par cette prouesse à couper le souffle de Gueï reste et restera au panthéon de l’Athlétisme français.
A jamais.