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Mis à part Laurent Fignon, qui a manqué un troisième succès pour 8 secondes en 1989, aucun coureur français n’a été proche de remporter le Tour de France depuis le dernier vainqueur Bernard Hinault en 1985. Pourtant, à bien y regarder, Richard Virenque, 2e en 1997, n’a pas été si loin du succès final cette année-là même s’il affiche un retard de 9 minutes sur Jan Ulrich à Paris… Explication.
Aucun français n’a remporté le Tour de France depuis la dernière victoire de Bernard Hinault en 1985. Cela fait désormais 37 ans… Une éternité. Mis à part Laurent Fignon, qui est passé à huit secondes d’une troisième victoire en 1989, aucun autre Français n’est passé tout près de la victoire. En tout cas lorsque l’on regarde les classements bruts. Pourtant, lorsque l’on se plonge plus profondément dans l’histoire de la Grande Boucle et les scénarii des différentes éditions, deux coureurs tricolores n’ont peut-être pas été si loin de ramener le maillot jaune à Paris, si à un instant T de la course ils avaient opté pour une autre stratégie : Richard Virenque en 1997, qui termina deuxième à 9’09’ de Jan Ulrich, et Thomas Voeckler en 2011, 4e au final à 3’20’’ de Cadel Evans. Si Voeckler, au lieu de s’époumoner dans le Galibier derrière Contador et Andy Schleck, était resté avec Cadel Evans, il aurait peut-être pu conserver son maillot jaune à l’arrivée à l’Alpe d’Huez et alors tout se serait joué dans le contre-la-montre final… Mais c’est surtout Richard Virenque, en 1997, qui est passé le plus près de la victoire à Paris. Flashback.
Dernière étape de montagne dans les Vosges
Nous sommes alors le jeudi 24 juillet 1997, jour de la 18e étape du Tour, pour l’instant dominé par Jan Ulrich, qui possède 6 minutes d’avance sur son rival Richard Virenque. Ce Tour 1997 présente la particularité de terminer son parcours montagneux dans les Vosges, avant un retour vers Paris et un contre-la-montre à la veille de l’arrivée sur les Champs. Cette étape vosgienne entre Colmar et Montbéliard (175 kilomètres) présente quatre difficultés de 2e catégorie, dont trois concentrées au milieu du parcours, le Grand Ballon, le col d’Hundsrück et le Ballon d’Alsace, dont le sommet se situe à 50 kilomètres de l’arrivée. A priori, pas de quoi renverser la table au classement général.
Et pourtant…
Tour de France 1997 : revivez le final de la quatorzième étape et la victoire de Richard Virenque en vidéo https://t.co/7BIqdNWB1R pic.twitter.com/z0zUy0UH5C
— L’ÉQUIPE (@lequipe) April 5, 2020
Ulrich aux abois dans le Grand Ballon
L’équipe de Festina de Richard Virenque n’a pas renoncé et attaque dès le départ envoyant plusieurs solides à l’avant (Pascal Hervé, Laurent Brochard) dans la cote de Gueberschwihr (2e catégorie) placée en début de parcours. Virenque embraye avec son coéquipier Laurent Dufaux dès le pied de l’ascension du Grand Ballon, avec Pantani et bientôt d’autres leaders, Escartin et Casagrande. Jan Ulrich, fatigué, comme le reste son équipe Telekom, est aux abois. Il bascule au sommet avec une trentaine de secondes de retard.
Le choix incompréhensible de Virenque
Dans le col d’Hundsrück, Pantani mène un train d’enfer dans le groupe de tête et ils ne sont plus qu’une dizaine au sommet, Virenque ayant encore avec lui Pascal Hervé et Didier Rous. Derrière, Ulrich, qui n’a plus que le vieux Bjarne Riis à ses côtés, a encore perdu une dizaine de secondes. Virenque demande alors aux autres leaders présents dans l’échappée de rouler avec eux. Devant leur refus, le Français stoppe son effort de manière incompréhensible, alors qu’il était dans un contexte idéal pour créer de très gros écarts. En roulant à trois avec Rous et Hervé, Virenque aurait pris beaucoup de temps à un Ulrich défaillant et dans l’obligation d’attendre qu’un ou deux coéquipiers fatigués ne reviennent de derrière alors que se profilait l’ascension du Ballon d’Alsace. De plus, l’écart montant, la perspective de la victoire d’étape aurait fait que tous les membres du groupe de tête (une dizaine de coureurs dont certains très gros rouleurs comme Bobby Julich et les leaders du général sauf Olano) auraient fini par rouler, et compte tenu de la configuration de l’étape, avec 50 kilomètres de plaine pour finir, Virenque aurait pu espérer renverser la table à l’arrivée à Montbéliard.