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En ce mercredi 22 juillet 1987, la 21e étape de ce Tour de France, l’un des plus montagneux de l’histoire, s’annonce terrible avec trois ascensions hors-catégorie, Galibier-Madeleine-La Plagne. Pedro Delgado s’élance maillot jaune sur le dos, mais Stephen Roche n’a pas renoncé, tout comme les Français Jean-François Bernard et Charly Mottet, ainsi que le Colombien Lucho Herrera. Il va s’en suivre un combat homérique inscrit dans la grande lignée d’un cyclisme d’un autre temps.
Alors que Bernard Hinault vient de prendre sa retraite l’hiver précédent et que Greg Lemond, le vainqueur sortant, n’est pas présent pour défendre ses chances du fait d’un grave accident de chasse qui l’éloignera des courses cyclistes pendant deux ans, ils sont quatre à se battre au sortir des routes pyrénéennes pour arracher la victoire finale à Paris dans ce Tour 1987 : Pedro Delgado, Stephen Roche, Charly Mottet et Jean-François Bernard. Mottet, qui a porté le maillot jaune dans les Pyrénées, a dû le céder à Jean-François Bernard après son fantastique exploit du Ventoux. A l’entrée dans les Alpes, piégé sur les routes du Vercors, Jeff avait lui aussi cédé la tunique jaune à Stephen Roche, qui la perdit le lendemain à l’Alpe d’Huez au profit de… Pedro Delgado.
Enorme bataille entre le Galibier et la Tarentaise
Au matin de la troisième des quatre étapes alpestres, entre Bourg d’Oisans et la Plagne, avec trois ascensions hors-catégorie au programme, Galibier-Madeleine-La Plagne, c’est donc Pedro Delgado qui porte le maillot jaune, avec 25 secondes d’avance sur Roche. Après une ascension du Galibier menée tambour battant par l’équipe Café de Colombie, Lucho Herrera, maillot à pois sur les épaules et 5e au général, n’ayant pas renoncé à renverser la table, ils ne sont plus qu’une grosse vingtaine au sommet. Une offensive d’envergure se déclenche dans la longue descente et la vallée de la Maurienne qui s’en suit. Dans un premier temps, un groupe se dégage avec Stephen Roche, Pedro Delgado, Charly Mottet, Federico Echave, Jean-François Bernard, Lucho Herrera, Fabio Parra, Laurent Fignon, Gert-Jan Theunisse, Jean-René Bernaudeau, Pedro Munoz, Gilles Sanders et Anselmo Fuerte.
Pedro Delgado et Stephen Roche vont faire 1 et 2 à Villard de Lans (Tour 1987). pic.twitter.com/FRBf7XCBpN
— David Guénel (@davidguenel) August 28, 2022
Dans la vallée de la Maurienne, sous l’effet d’un fort vent de face, le groupe se disloque. Devant, on trouve Roche, Parra, Munoz, Bernaudeau, Fuerte, Theunisse et Sanders. Delgado, Bernard et Mottet notamment sont piégés. Devant tout le monde roule et l’écart se creuse. Bernard tente de faire la jonction, mais il s’épuise tout seul. L’épisode provoque une colère terrible du leader de l’équipe la Vie Claire contre son directeur sportif, Paul Koechli : « Mais elle est où mon équipe, p…. !!! J’en ai plein le c.. moi !!! ». L’écart dépasse la minute trente. Dans le col de la Madeleine, Pedro Delgado réagit et il accélère fortement. Au sommet du col, il n’y a plus que 48 secondes d’avance pour Roche.
Delgado entrevoit la victoire à Paris dans la montée de La Plagne
Dans la vallée de la Tarentaise, alors que les premiers paient leur effort vent de face dans la Maurienne, un regroupement général s’opère. Ils sont une quinzaine dans le groupe des leaders, moins Fignon et Fuerte, partis devant et qui se disputeront la victoire au sommet de la terrible montée de La Plagne, le Français allant chercher un succès en forme de résurrection. Derrière, Pedro Delgado attaque à 15 kilomètres de l’arrivée, après seulement trois bornes de montée. Le groupe explose, et Roche ne peut suivre. La montée de l’Espagnol apparaît irrésistible. A 10 kilomètres de la ligne, il a une minute d’avance sur son principal rival. Mottet et Bernard sont encore plus loin.
Le Tour est en train de trouver son vainqueur pense-t-on alors…
Stephen Roche, La Plagne, Tour 1987 pic.twitter.com/nl43TwqlB2
— jorge lastra (@jorgeanlastra) August 10, 2022
Roche s’effondre après la ligne d’arrivée
Mais dans les derniers kilomètres de l’ascension, alors que Delgado commence à son tour à marquer un peu le pas, Stephen Roche, refusant la défaite et puisant un courage énorme au tréfond de son âme, jette tout ce qu’il peut pour revenir quasiment dans la roue de l’Espagnol sur la ligne d’arrivée. La ligne franchie, le champion irlandais s’effondre, victime d’un malaise. Au bout de lui-même. Pris en charge à l’arrivée, Roche revient à lui et après des examens passés le soir, est jugé apte pour repartir. Quelques jours plus tard, il remportera son unique Tour de France.