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A l’évocation de « Casque d’or », les cinéphiles vont penser au film de Jean Becker avec Simone Signoret, inspiré de la vie d’Amélie Elie, célèbre prostituée parisienne de la Belle Époque. Les aficionados de rugby en revanche vont tout de suite avoir l’image de ce charismatique et magnifique capitaine du XV de France, de sa chevelure dorée, et son maillot immaculé de sueur et de sang. Car avant qu’il ne devienne sculpteur et se retire loin des projecteurs, Jean-Pierre Rives était ce troisième-ligne aile du Stade Toulousain et des Bleus, élégant et bagarreur. La première véritable star du rugby français en technicolor.
Un chevalier sans Bouclier
Jean-Pierre Rives est né à Toulouse, à quelques encablures du Stadium Municipal. Après des débuts dans le monde ovale au TOEC puis à Beaumont de Lomagne, il signe enfin au Stade Toulousain en 1974. Paradoxalement, bien qu’ayant fait plus de la moitié de sa carrière avec les Rouge-et-Noirs avant de rejoindre le Racing Club de France, il n’a jamais gagné le Bouclier de Brennus. Manque de chance, cette période de l’histoire du rugby français était largement dominée par Béziers. C’est d’ailleurs contre les Biterrois que Jean-Pierre Rives a perdu sa seule finale du championnat de France avec le Stade Toulousain en 1980. Ainsi le plus célèbre troisième-ligne du rugby français est vierge de palmarès national. Pas de Bouclier de Brennus. Un vide qu’il partage avec une autre légende de son époque : Serge Blanco.
🎂 Aujourd’hui c’est l’anniversaire de notre 3ème ligne Jean-Pierre Rives !
Joyeux anniversaire Casque d’Or 🎉 pic.twitter.com/xcCt9O6gye
— France Rugby (@FranceRugby) December 31, 2020
Une légende en Bleu
A partir de 1977, Jean-Pierre Rives écrit ses lettres de noblesses avec le XV de France. Statistique parfaite, il joue en Bleu à 59 reprises dont 59 titularisations et 59 matchs en intégralité. Et avec la responsabilité du capitanat à 34 reprises. C’est lui qui guide l’équipe victorieuse du deuxième Grand Chelem de l’histoire des Bleus dans le Tournoi des Cinq nations en 1977. Cette année-là, les quinze mêmes joueurs disputent l’intégralité des matchs. Au cœur de sa dynastie en bleu, il est aussi le symbole de ce XV de France qui va devenir le premier à s’imposer en Nouvelle-Zélande (le 14 juillet 1979) après plus de 70 ans de tentatives infructueuses. Puis de cette équipe qui emballera un nouveau Grand Chelem en 1981. A son tableau de chasse international, Jean-Pierre Rives peut se vanter d’avoir remporté trois fois le Tournoi, dont deux Grand Chelem, d’avoir battu à quatre reprises les Anglais à Twickenham (1975, 1977, 1981, 1983) et d’avoir battu toutes les grandes nations du rugby, à l’exception de l’Afrique du Sud.
1980 Jean-Pierre Rives try
Parc des Princes, Paris
2 February 1980 pic.twitter.com/Icotl17x7s— APSM Rugby Channel 🏉 (@ApsmRugby) May 13, 2022
Casque doré, maillot ensanglanté
En 1983, la France remporte le Tournoi des Cinq nations à l’issue d’un dernier match contre le Pays de Galles. Et ce jour-là, la retransmission télé et les clichés des photographes présents vont diffuser une image qui va immortaliser le personnage Jean-Pierre Rives à tout jamais. Celle d’un capitaine le visage et le maillot en sang. Un guerrier au maillot blanc immaculé du sang de son adversaire ? Du sien ? La réalité est moins glorieuse car il s’agissait malheureusement du sang de Serge Blanco qui venait de se fracturer le nez sur le front de son coéquipier. Une tunique légendaire que Jean-Pierre Rives lèguera à l’issue de la rencontre aux commentateurs sportifs Roger Couderc qui partait à la retraite ce jour-là. « Un maillot de sueur et de sang, indiquera Roger Couderc, ému du cadeau. Et quand il y a du sang dessus, il est propre ». C’est à ce même Roger Couderc que l’on doit le célèbre surnom de « Casque d’or » que le commentateur avait affublé au capitaine tricolore lors des matchs du Tournoi. Sa chevelure d’un blond solaire était tellement identifiable qu’elle permettait aux spectateurs ou aux observateurs de bien se rendre compte de l’immense activité du bonhomme, besogneux et toujours proche du ballon. Un surnom qui traverse les âges et contribue encore à la légende du personnage, devenu depuis le président des Barbarians français. Un homme qui souhaitait faire les Beaux-Arts et qui s’est finalement transformé en chef de meute du rugby français.