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Favori évident d’un Top 14 de plus en plus concurrentiel, le Stade Toulousain veut gommer son année blanche et garnir encore un peu plus son armoire à trophées. Mais attention au calendrier chargé et aux doublons fatals.
Avant son premier périlleux déplacement à Bordeaux, ce dimanche, en clôture de la première journée de Top 14, le Stade Toulousain s’avance avec autant d’ambitions que de prudence. « Nous ne sommes pas prêts », annonce Ugo Mola. Le manager considère son équipe encore en rodage. Les sept recrues de l’été sont bien intégrées dans le groupe. Mais peut-être pas encore totalement dans le jeu. Il faut parfois un peu de temps d’adaptation pour digérer le projet de jeu toulousain. Et le club n’a pas l’habitude d’avoir autant de nouveaux joueurs d’un seul coup.
Un statut de favori assumé
Malgré tout, le Stade Toulousain assume son statut de favori du Top 14. « C’est toujours comme ça. C’est normal de jouer les premiers rôles quand on est le Stade Toulousain, confirme Ugo Mola. Être en haut c’est notre job. On a soif de victoires. On a soif de titres ». Les deux échecs en demi-finales de Champions Cup (battu par le Leinster) et de Top 14 (battu par Castres) la saison dernière ont vite balayé les deux Boucliers de 2019 et 2021, et la cinquième étoile européenne de 2021. « Il y a un mélange de frustration et d’envie, explique le troisième-ligne Alban Placines. On va vite trouver des solutions pour faire une saison différente ». « On est revanchard, annonce de son côté le pilier Rodrigue Neti. On est tous dans l’optique d’aller chercher quelque chose ».
L’optique aussi « de se faire plaisir en termes de jeu, précise l’ailier international Mathis Lebel. Car pour le moment, en début de saison, on est champion de rien du tout. Le chemin est long avant les phases finales ». Et le Stade Toulousain sait aussi que la concurrence est rude et les prétendants au Bouclier de Brennus de plus en plus nombreux. Ugo Mola avoue : « Certains clubs travaillent bien et se structurent bien au-delà des hommes. Et tous veulent des titres autant que nous. Et puis avec le succès de La Rochelle en coupe d’Europe et de Montpellier en Top 14, on est nombreux maintenant à avoir le goût du sang… »
Une ligne de trois-quarts renforcée
Pour reconquérir des titres et compléter son effectif après les départs en retraite de Maxime Médard et de Joe Tekori, le staff toulousain a fait le pari de l’abondance dans les lignes arrières. Les arrivées des internationaux français Melvyn Jaminet et Pierre-Louis Barassi, conjuguées à celles du jeune prodige italien Ange Capuozzo et du Rochelais Arthur Retière donne un sentiment d’opulence. De quoi espérer un jeu flamboyant, fidèle aux valeurs du rugby toulousain. Mais paradoxalement, la plupart de ces joueurs seront surement mobilisés par leur sélection durant les périodes internationales.
Ce qui obligera Ugo Mola à jongler durant les doublons.
Devant en revanche, l’abondance est moins évidente. Avec le départ de Rory Arnold, il ne reste que quatre deuxième-ligne de formation dans l’effectif professionnel, et Thibaud Flament souffre d’une cheville depuis le match de préparation contre Toulon. De même, la première-ligne est également sujette aux absences des internationaux et devra se passer de Cyril Baille pendant au moins les deux premiers mois de compétition. Le pilier gauche du XV de France, considéré comme l’un des meilleurs au monde à son poste, a été opéré d’un adducteur durant l’été.
La problématique des doublons
Internationaux ou blessés, la gestion de l’effectif sera un élément crucial dans la réussite du Stade Toulousain cette saison. Plus qu’aucun autre manager du Top 14, Ugo Mola doit composer avec une majorité de joueurs susceptibles d’être appelés en sélection nationale. Sur les 42 éléments qui composent le squad professionnel, 24 sont concernés par les sélections (France, Argentine, Italie, Australie, Afrique du Sud et Samoa). Et donc par la Coupe du Monde 2023qui s’approche à grands pas. Parmi eux, certains sont des cadres annoncés du XV de France et font l’objet d’une gestion du nombre de matchs en accord avec le sélectionneur Fabien Galthié et le staff des Bleus (Antoine Dupont, Romain Ntamack, Julien Marchand, Anthony Jelonch…). « Cette échéance de la Coupe du monde nous interroge, explique Ugo Mola. La gestion des nombreux internationaux, c’est un problème. Mais l’intérêt général du club, c’est de performer. Je ne sacrifierai pas les résultats du club ». Le staff du Stade Toulousain se retrouve, malgré lui, obligé de jouer le jeu avec le XV de France. Avec la délicate double ambition de faire gagner le club, et aussi l’équipe de France.