Encore appelé le « Tour le plus fou », le Tour de France 1989 restera à jamais inscrit dans l’histoire du cyclisme français, pour cause, il a été le théâtre de l’un des plus beaux duels de tous les temps. Cette 76e édition de la Grande Boucle, qui s’est déroulée du 1er juillet au 23 juillet 1989, comptait 21 étapes pour une distance totale de 3 285 km, et elle allait se terminer par un contre-la-montre mythique entre le cycliste français Laurent Fignon et l’Américain Greg LeMond.
Laurent Fignon (1960 – 2010) est sans doute l’un des plus grands cyclistes que la France ait jamais connu. Au cours de sa carrière professionnelle entre 1982 et 1993, il a notamment remporté deux Tours de France, en 1983 et 1984, le Tour d’Italie en 1989 et la classique Milan-San Remo en 1988 et 1989. Pour la 76e édition du Tour de France il est donc le grand favori, d’autant plus qu’il vient de emporter le Tour d’Italie. Mais alors que tout le monde considère l’EspagnolPedro Delgado, vainqueur l’année précédente, comme son principal challenger, c’est l’Américain Greg LeMond (vainqueur en 1986) qui va créer la surprise, alors même qu’on le croyait fortement diminué par un grave accident de chasse survenu en 1987.
Fignon et LeMond vont se disputer le maillot jaune tout au long des 21 étapes et des 3 285 km de l’épreuve, jusqu’à l’ultime contre-la-montre entre Versailles et Paris. Fignon a alors toutes les chances de remporter son 3e Tour de France puisqu’il compte à ce stade 50 secondes d’avance sur son grand rival. Il souffre certes d’une irritation à l’entrejambe, due au frottement entre la selle de son vélo et son cuissard, mais personne n’imagine que cela puisse l’empêcher de remporter la victoire.
Pourtant, LeMond va pulvériser les 24,5 km de ce contre-la-montre jusqu’aux Champs-Elysées, avec une vitesse moyenne de 54 km/h. De son côté, Fignon peine et à trois kilomètres de l’arrivée il ne compte plus qu’une seconde d’avance sur son rival. Son dernier sprint phénoménal sur les pavées de la plus belle avenue du monde ne suffira pas à contrer la performance de LeMond. Lorsqu’il franchit la ligne d’arriver, le Français s’écroule : il vient de perdre le Tour de France pour seulement 8 secondes !
C’est à ce jour le plus petit écart enregistré entre le vainqueur de l’épreuve et son dauphin, et sans doute le plus beau final du cyclisme de tous les temps.